S’entraider dans nos vies digitales et physiques

Dans le contexte actuel de la migration en cours : _depuis les plateformes, systèmes et services d’information actuels _vers de nouveaux usages intégrant des outils d’ia; __je cherche de nouvelles modalités d’accompagnement des  personnes : _dans leurs choix de progression professionnelle et personnelle, _dans leur travail de hiérarchisation et de planification d’actions, _dans l’évaluation et la redéfinition de leurs choix, ___en connexion directe avec ces nouvelles interfaces entre : _personnes, _groupes, _organisations et _systèmes automatisés interactifs simulant, prolongeant et soutenant : _les ordinations de tâches de collecte et de traitement des informations, _les processus de pensée et de créativité humaines. 

Mes activités d’accompagnement servant des buts d’amélioration en continu du traitement de questions de recherche et développement qui m’animent, je les considère comme une forme d’entraide.

Hormis les aspects généralistes de mes activités d’accompagnement, elles portent sur une question spécifique qui est celle de l’actualité et du devenir des conditions de viabilité des activités artistiques et culturelles, dans ce contexte de migration dégradant les anciennes manières de définir ce qui est, ou ce qui n’est pas… art ou culture. Parallèlement à cette dégradation, ces évolutions mettent en évidence l’urgence de penser la production de valeurs qui est assurée lorsque des temps d’activités spécifiquement artistiques, littéraires ou culturelles sont insérées dans la vie humaine.

Ces valeurs peuvent relever de plusieurs dimensions : 

_ l’accès aux arts et à la culture, la création et diffusion de produits et de pratiques culturelles, de savoirs issus de démarches de type recherche-création, 

_ le soin, le mieux-être, la remédiation sociale, la mobilisation sociale, le développement social et professionnel, 

_ les opportunités d’échanges pour les organisations, entre éléments internes ou avec des éléments externes impliquant la vie des organisations ou de leur environnement, 

_ la facilitation de missions et de meilleure prises en compte des personnes clientes ou bénéficiaires des politiques publiques, de réfexivité sur ses pratiques et conceptions professionnelles,

Dans le prolongement de la réalisation en 2020 , au sein du Département de la Gironde, d’un programme de  Recherche & Développement pour l’action PLACE https://www.trophees-idealco.fr/projet/plateforme-de-cooperation-pour-lemploi-culturel-place/ , qui apporta des innovations et des améliorations à la gestion de la plateforme de développement de l’emploi artistique et culturel www.gironde.fr/place , voir https://intelaugment.hypotheses.org/ , j’ai repris des activités de recherche au sein du MICA Université Bordeaux Montaigne https://mica.u-bordeaux-montaigne.fr/capes-david/ et  j’ai publié à la fin de l’année 2021 un article synthétisant les apports de la démarche R&D sur le soutien à la présence active dans le cyber-espace de profils socio-esthétiques, en utilisant des concepts et orientations issus de Gaston Bachelard, article paru dans les Cahiers Gaston Bachelard N°17 Ce que le numérique fait au langage

Pour l’approfondissement des enjeux de l’Entraide, une collaboration étroite et productive avec Jacques Limoges (Université de Sherbrooke, Québec, canada) a permis de reprendre et actualiser avec lui des outils d’accompagnement : 1_à la prise de conscience de la place de l’entraide dans nos activités et 2_aux moyens de développer des compétences de connaissance et mobilisation de soi et de ses relations dans le contexte de dynamiques d’entraide; des dynamiques d’entraide qui peuvent être celles auxquelles on participe, mais aussi celles que l’on cherche à favoriser et organiser. Voir sur le site de Jacques Limoges : https://jacqueslimoges.com/?page_id=6

Je cherche aujourd’hui plus particulièrement à questionner théoriquement et à tester pratiquement comment on peut favoriser et maintenir des dynamiques d’entraide, et, en suivant, comment certaines de ces dynamiques peuvent être aidées à se prolonger dans des activités socio-économiquement viables et durables.

Il est nécessaire d’expliciter le sens de l’expression « on peut » dans la question :

« comment peut-on favoriser et maintenir des dynamiques d’entraide ? »

Cela soulève la question d’un pré-existant à l’entraide : _un « mouvement naturel » ? (dont la « naturalité » reste à préciser…) VS _une institution ? (le plus souvent aujourd’hui un système multi-institutionnel complexe à démêler…)

On peut envisager les phénomènes que l’on peut nommer : « dynamique d’entraide »  :

  • d’une part comme relevant d’un « mouvement naturel » qui prendrait ensuite une forme d’institutionnalisation, possédant sa dynamique propre, cette forme instituée pouvant prendre le pas sur la dynamique « spontanée », la démarche de soutien aux dynamiques d’entraide se limitant à proposer des soutiens pouvant être apportés aux entraides pré-existantes à l’action publique,
  • d’autre part comme découlant de conditions créées par des dynamiques institutionnelles pré-existantes, la démarche d’action publique à privilégier consistant à favoriser et à maintenir durablement les dynamiques à l’oeuvre, en surveillant les risques d’emprise, de manipulation et d’excès de contrôle sur les interactions,  qui produiraient des résultats contre-productifs. 

La dynamique d’entraide d’origine institutionnelle ne fait-t-elle pas finalement autre chose qu’assurer une instrumentalisation temporaire des dynamiques interpersonnelles et sociales, ces dynamiques ne durant que le temps du « projet » raconté comme une entraide « spontanée » alors qu’elle n’existe qu’initialisée par une institution (ainsi à la place de la fiction d’un « projet », on peut considérer qu’on a plutôt à faire à un agrégat d’intentions et d’ajustements personnels avec des procédures politico-juridico-administratives qu’elles soient publiques ou privées…).

Dés lors, une question de méthode : quelles sont les positions, les principes et les pratiques qui peuvent réussir à promouvoir et à maintenir une synergie entre deux dynamiques en présence : une entraide institutionnalisée et une entraide qui relèverait d’un « mouvement naturel » ?  Cette question résultante d’une réflexion à partir du mot et du concept d’entraide ravive le contexte sociopolitique et philosophique qui l’a vu naître : le mot « entraide » ayant été inventé au XIXe siècle par Elysée Reclus pour traduire « mutual help » chez Kropotkine penseur et activiste de la coopération biosociale.  Une forme de re-lecture réflexive et contextualisée s’impose.

Par ailleurs un travail en cours d’explicitation et de formalisation de Catégories Opérationnelles pour la configuration Logique & Ergonomique d’une Plateforme Numérique d’Entraide pour l’emploi culturel a été favorisé par ma participation à Montréal en décembre 2019 aux cessions préparant des tests de lexiques ieml avec Pierre Lévy : https://pierrelevyblog.com